Savez-vous si vous ovulez?!
Quand je pose cette question à mes patientes, elles me regardent souvent avec de grands yeux… : « euhh ben je ne sais pas, mais comment est ce que je pourrais savoir ? Je sais que j’ai mes règles c’est tout ». Je suis alors ravie de pouvoir leur donner accès à ce grand savoir, qui va leur permettre de mieux comprendre leur corps, leurs cycles, leurs symptômes… Je vous propose de voir tout cela avec vous en utilisant les questions qui me sont fréquemment posées :
Pourquoi est-ce important de savoir si j’ovule ?
Parce que l’ovulation est l’évènement majeur du cycle! Nous devrions d’ailleurs parler de « cycle ovulatoire ». C’est de la bonne qualité de l’ovulation que dépendent, entre autres, la qualité des règles (abondance, douleurs/indolence, début franc / spotting…), et la présence, ou non du syndrome prémenstruel (irritabilité, seins gonflés, rétention d’eau…). Donc avant d’accuser et de maudire vos règles, voyons comment se passe votre ovulation !
Mais mon cycle dure 28jr, donc j’ovule et tout va bien !
Humm peut être… mais pas forcément ! la 1ere partie du cycle, la phase folliculaire, peut être de durée variable (dans les cycles très longs, c’est cette phase qui joue les prolongations), donc l’ovulation n’a pas forcément lieu à J14, comme il est inscrit dans tous les livres…. De plus, la phase qui suit l’ovulation, la phase lutéale, doit durer entre 12 et 16jours, et elle est plutôt stable pour une même femme. Je dis « dois durer », car si l’ovulation n’a pas été optimale, elle sera réduite, et le cycle ne sera pas fertile. Donc vous pouvez avoir des cycles de 28 jrs, mais avec une ovulation tardive, disons à J20, et donc une phase lutéale de 7jr… Cela signifie que votre cycle n’est pas fertile, et entraine très certainement un important déséquilibre oestro-progestatif. Il est donc très important de savoir quand à lieu l’ovulation pour comprendre au mieux la physiologie de votre cycle.
J’ai mes règles, j’ai donc forcément ovulé, non ?
Non, pas forcément ! il peut arriver que les follicules grossissent de manière anarchique dans les ovules, sans qu’il y ait de follicule dominant. Il y a donc une augmentation de la sécrétion d’œstrogènes, l’hypophyse en est informé, et va penser que le follicule est prêt pour l’ovulation, libérant un pic de LH (hormone lutéinisante, celle qui déclenche l’ovulation, et qui est d’ailleurs détectée par les tests d’ovulation). Sauf que, si plusieurs follicules ont grossi en même temps, aucun n’est réellement prêt pour libérer son ovocyte, et l’ovulation ne peut pas se faire. On retrouve fréquemment ce mécanisme dans les SOPK, mais aussi chez l’adolescente, dont les cycles se mettent en place peu à peu. Suite à cette « ovulation ratée », les follicules vont se détériorer, entrainant la chute des œstrogènes, et donc, des saignements. Ces saignements peuvent être de durée, d’abondance similaires à des vraies menstruations !
Du coup, je fais comment pour savoir ? je sens souvent des douleurs dans le bas ventre, j’ai les seins gonflés au milieu du cycle, c’est bien ça ?
Votre corps peut vous envoyer des signaux plus ou moins importants au moment de l’ovulation. Mais les plus sûrs, scientifiquement objectivés, sont : l’observation de la glaire/ de la sensation à la vulve, et/ou la prise de température matinale. Ces éléments, soumis aux variations hormonales de vos cycles (œstrogènes puis œstrogènes et progestérone) vont vous permettre de savoir : si vous avez ovulé, à quel moment, et donc évaluer la durée de la phase lutéale. Si vous prenez de la phytothérapie ou autre complément alimentaire pour aider vos cycles, si vous devez faire des analyses biologiques en lien avec vos cycles, vous saurez aussi exactement quand les prendre/ les faire.
En résumé :
Dans mon activité, je recommande grandement à mes patientes l’observation de leurs cycles. L’explication des différents stades d’évolution de la glaire prend quelques minutes, elles peuvent rapidement être autonomes et remplir un tableau spécifique. Certaines femmes ont des cycles très particuliers, avec peu de glaires, des signes peu francs. Je suis parfois amenée à leur recommander un RDV avec une monitrice de méthodes d’observation des cycles (MOC: symptothermie, Billings, Fertility care…), pour qu’elles profitent de toutes leurs compétences (idem si elles veulent utiliser les MOC en contraception).
L’utilisation des MOC me permet de comprendre au mieux la physiologie du cycle de ma patiente, et de suivre, cycle par cycle, les effets de mes recommandations. Les femmes deviennent peu à peu expertes dans leurs cycles, et sont à même de savoir quels signes sont physiologiques et lesquels montrent un déséquilibre. de plus, évidemment, pour les désirs de grossesse, connaitre ses périodes de fertilité augmente grandement les chances de tomber enceinte.